Poème du jour : Un soir au théâtre
Par : Philippe Correc
Elle fait des oh Joue de ses ah
De sa belle voix
Création d'émois.
Un fa dièse en haut
Un sol bien plus bas
Cette tessiture
Nous conte aventure.
Elle vocalise
Sur l'air du piano
Une joie exquise
En fin trémolo.
Sur cette chanson
Elle s'harmonise
Au rythme des sons
Elle s'improvise.
Usant du micro
Pour sa résonance
Ondes sur la peau
Attisent mes sens.
Les frissons se posent
Le long de mon dos
De son crescendo.
Au cours d'une strophe
Ses notes s'envolent
Elle m'apostrophe
Mon esprit décolle.
La tension s'installe
Sa voix est bien claire
Debout dans la salle
Fusent les éclairs.
Copyright © Philippe Correc
Commentaire et analyse :
Après le poème de Serge Mathurin Thebault que nous avons commenté ici il y a seulement deux jours sur une chanson du célèbre chanteur italien Fabrizio de Andrè , en voici un autre de Philippe Correc sur une chanson d’une cantatrice dont il tait le nom qui se produit dans une salle de théâtre. Et comme nous l’avions dit à propos du précédent poème, il s’agit d’un produit artistique qui prend pour thème un autre produit artistique appartenant à un art différent. Et dans ce type d’écriture, le défi que relève le poète est de donner par les mots ce que l’autre artiste a exprimé par l’image ou le son ou les gestes ou d’autres moyens.
Dans ce cas tout précis et comme nous le voyons clairement dans ce poème, l’attention de l’auteur se focalise généralement sur deux éléments principaux : le côté sonore du spectacle et son effet émotionnel sur l’auditoire dont le locuteur lui-même.
- Concernant le premier élément, le poète a mis en évidence, par le biais de l’accumulation, la puissance et le charme de la voix de la chanteuse (elle fait des oh, joue de ses ah de sa belle voix - un fa dièse en haut un sol bien plus bas cette tessiture usant du micro pour sa résonance - en fin trémolo - ses notes s'envolent - son crescendo - sa voix est bien claire) ainsi que l’harmonie des sons qui l’accompagnent (elle vocalise sur l'air du piano - elle s'harmonise au rythme des sons).
- Quant au second élément auquel il accorde une place aussi importante dans le texte, il y met l’accent sur le pouvoir stimulant et associatif avec le rêve des sons qu’il perçoit (cette tessiture nous conte aventure - une joie exquise - ondes sur la peau attisent mes sens. les frissons se posent le long de mon dos - elle m'apostrophe mon esprit décolle).
Ce côté esthétique du spectacle qu’il s’est efforcé de mettre en valeur s’est répercuté sur celui du poème lui-même qui a acquis une texture rythmique très élaborée grâce à la similarité des strophes toutes conçues en huitains, l’accourcissement des vers, la presque régularité des rimes pour la plupart croisées et l’usage massif du parallélisme morphosyntaxique c.à.d. la répétition d'un segment phrastique semblablement construit et d'une longueur similaire ( un fa dièse en haut / un sol bien plus bas - sur cette chanson /elle s'harmonise - au rythme des sons / elle s'improvise - les frissons se posent / le long de mon dos - la belle en impose / de son crescendo - mon esprit décolle / ma tension s'installe ).
Un autre joyau de ce poète qui écrit apparemment pour le plaisir et le susciter chez le lecteur. Et si c’est cela son objectif, je peux dire, en ce qui me concerne, qu’il l’a largement atteint.
Vous pouvez consulter d'autres textes du même auteur : Un besoin d'amour, Questions de vie.
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