Poème du jour : Ce peu de moi...
Qui me fait souffrir...
Par : Thierry Montgaillard
Mon corps devient cicatrice,
Torture ma vie en supplice.
Ma tête aime ce rebelle
En le couvrant de son ombrelle,
Le distrayant par le charme,
De ne pouvoir fondre en larmes.
Quand la douleur électrise,
En vers elle devient une brise.....
Souffrir en écrivant ce poème,
Trouver la rime devient problème.
Devant les affres, n'est-ce point tourment,
De véhiculer un air si différent,
Par cette ligne devenue directrice,
Avoir une telle grande cicatrice,
Même cachée au fond de mon dos,
Elle règne par spasmes et trémolos.
En m'invitant à cette prudence,
Souffrir sans désespérance,
Ma silhouette n'a son aisance,
Qu'en gardant le silence.
J'aime cette folle ironie,
D'oublier mes larmes ainsi;
Voir une guêpe et non un papillon,
Emprisonné dans ce bastion,
Trop éreinté pour vous décrire,
Une cabriole en estive.
Comme je me plais en vers à l'écrire
Voyez-là, comme un léger sourire.
Analyse & Commentaire du professeur Mohamed Salah Ben Amor :
La douleur a toujours été l’un des thèmes fondamentaux de la littérature mondiale aussi bien en poésie qu’en prose. Et cela s’explique par le fait , que c’est généralement pour compenser une souffrance donnée qu’on vient tenter sa chance dans l’écriture artistique qu’elle soit poétique, ou nouvellistique ou romanesque.
Mais dans la majorité des cas, c’est la douleur psychique ou spirituelle qui est génératrice d’œuvres de renom telles que celle de Baudelaire qui gravite presque toute entière autour de ce qu’il a appelé « spleen » (Mélancolie sans cause précise) ou les fameux poèmes imposants de Lamartine et Gautier intitulés respectivement « Hymne à la douleur » et « La mort est multiforme ». Cependant, rien n’empêche qu’une douleur physique puisse inspirer de bons textes littéraires comme nous le constatons dans ce nouveau poème de notre ami Thierry Mongaillard dans lequel il nous fait part d’une maladie au dos qui lui cause des douleurs intenses et qu’il met en relation avec les douleurs psychiques qu’il éprouve en tant que créateur au cours de ses démêlés avec les règles de l’art poétique. Cette opposition : physique / psychique a confèré au texte une structure binaire bien agencée et a permis à l’auteur de mettre ces deux éléments constitutifs en correspondance presque dans chaque strophe tantôt comme complémentaires du point de vue des douleurs qu’ils suscitent, tantôt comme inverses en présentant le second comme antidote aux maux causés par le premier. Ce jeu alternatif constitue ainsi l’un des principaux attraits du texte. Nous y ajoutons la texture métaphorique soutenue et continue qui se prolonge sans interruption du début du poème jusqu’à sa fin.
Un poème original témoignant de la sensibilité esthétique de son auteur et la subtilité avec laquelle il traite les thèmes qu’il aborde.
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