Résumé :
Un jeune homme est assis sur banc avec sa petite amie. Il est loin de se douter que c'est son dernier rendez-vous avec son premier grand amour ...
Ma plus belle histoire d'amour
écrit par ApoloJ
Les ruptures. Il n’y a rien de plus éprouvant, surtout si l’on ne s’y attend pas vraiment.
Je me souviens du jour où Céline m’a quitté… C’était un lundi et il faisait une chaleur à crever. J’étais assis sur le banc où nous nous étions rencontrés, quatre ans auparavant. Il y avait des enfants qui couraient dans le petit parc qui s’étendait devant moi. Des couples qui marchaient main dans la main, qui riaient aux éclats. L’atmosphère était emplie d’amour. On se sent toujours plus amoureux lorsqu’il fait chaud, comme si le soleil réchauffait aussi nos cœurs.
Elle m’avait appelé d’une voix assez triste. Elle m’avait dit qu’elle voulait passer chez moi, qu’on serait mieux pour discuter. Je me suis douté que quelque chose n’allait pas, mais je n’avais pas alors imaginé ce qui allait suivre.
J’ai répondu que ce serait mieux qu’on se voit là où tout avait commencé. J’ai pensé que cela lui ferait plaisir et que ses petits soucis paraîtraient moins encombrants ici…
Mais apparemment, c’était moi qui encombrais sa vie à l’époque.
J’étais arrivé un peu en avance, et j’observais les allées et venues des passants, les jeunes couples allongés sur l’herbe, qui riaient de bonheur. Je me rappelle avoir pensé que nous avions été comme cela, nous aussi, ici même…
Lorsqu’elle est arrivée, elle ne souriait pas.
Je l’ai invitée à s’asseoir près de moi - ce qu’elle a fait - et j’ai commencé à parler avant même qu’elle n’ait eu le temps d’entrouvrir les lèvres. C’est étrange à quel point mes souvenirs sont précis… Cela fait dix années aujourd’hui que nous nous somme séparés, et je me souviens de tout dans les moindres détails.
- Tu te souviens… ai-je dit. C’est ici qu’on s’est rencontrés.
- Bien sûr que je me souviens, mais… Nathan…
Je ne l’ai pas laissée poursuivre. Je voulais faire remonter de tendres souvenirs dans sa mémoire, histoire qu’elle se sente bien. Je voulais… la voir sourire.
- Tu étais assise sur ce banc, l’air rêveuse, et puis tu m’as regardé passer. Je t’ai fait un grand sourire… sourire que tu m’as rendu… et j’ai voulu m’approcher de toi pour discuter un peu. Mais il y avait ton chien… cette saleté de bête couchée sous le banc… et quand il m’a vu avancer vers toi, il s’est jeté à corps perdu sur mon mollet.
Je l’ai regardée. Elle souriait.
- Et il s’est mis à tirer, ai-je poursuivi. Il tirait comme un malade en agitant la tête ( J’ai commencé à vaguement mimer la scène ) alors tu as hurlé sur lui en secouant sa laisse, mais il ne me lâchait pas et il m’a fait tomber.
Je crois que toute la scène lui est revenue à ce moment là et elle s’est mise à rire.
- Tu ne m’as libéré des crocs de ton caniche que cinq minutes plus tard alors que j’étais recroquevillé sur moi-même… et il est parti s’asseoir dans un coin en mâchouillant un bout de mon pantalon. J’ai fait une splendide première impression…
Nous avons ri, tous les deux.
- Il y a tellement de souvenirs de nous dans ce parc, a-t-elle dit. Tu te souviens de ces après-midi complètes qu’on passait, serrés l’un contre l’autre, ou main dans la main à parler de tout et de rien, à refaire le monde… de tous ces gens qui nous regardaient, envieux de voir à quel point on s’aimait…
Je l’ai regardée, déconcerté par la pointe de nostalgie que je sentais dans sa voix.
-Tu en parles comme si ça faisait des lustres… Ce n’est pas si lointain. ( J’ai tendu ma main vers elle et elle m’a souri ) Allons-y ! Marchons, et refaisons le monde !
- Nathan… ( elle a soufflé ) c’est bien trop tard… On a changé, maintenant… nous ne sommes plus les mêmes…
C’est à ce moment là que je me suis posé des questions. En fait, je crois que j’ai toujours su que ça se terminerait ainsi, mais je me voilais la face.
- Plus les mêmes ? Bien sûr, c’est évident. Les gens changent… Et encore heureux ! Si tu te souviens bien, on ne faisait pas que se prendre dans les bras dans ce parc. ( J’ai désigné un petit tas d’arbustes du menton et son visage s’est illuminé d’un franc sourire ) Même si on est encore étudiant, après quatre ans ensemble, ce serait bizarre d’aller derrière des arbustes pour s’envoyer en l’air !
- Je ne parle pas de ça, Nathan, m’a-t-elle répondu en riant. On suivait des routes identiques à l’époque, et on ne se souciait pas de grand chose. ( Son sourire a disparu ) Aujourd’hui, nos chemins divergent…
Je n’ai pas voulu écouter. Je sentais que c’était la fin, mais je ne voulais pas la perdre… Ma gorge s’est nouée, mais je suis resté impassible. J’ai observé un instant le parc et cette ambiance de bonheur qui se dégageait de tous ces gens. Il y avait un groupe d’amis, près de la petite étendue d’eau. L’un d’eux jouait un air de guitare.
- C’est bien sur ce banc qu’on s’est juré de s’aimer toute notre vie… contre vents et marées… ?
- Oui, c’est bien là… Nathan…
- On s’était dit qu’on deviendrait des petits vieux, ensemble… ( J’ai souri, nostalgique à mon tour ) qu’on se regarderait vieillir et qu’on s’aimerait toujours avec la même hargne, qu’importaient les mauvais coups du sort. On a pleuré en se regardant parce qu’on était heureux de s’aimer… Je t’ai pris la main et j’ai fixé tes yeux. J’ai caressé ta joue et je t’ai dit « merci »… et tu m’as répondu quelque chose comme : « Merci pourquoi ? »… ( il y a eu un petit silence ) Merci d’exister… C’est ce que je t’ai dit. Merci d’exister parce tu es la seule personne qui a su…
- … me rendre heureux depuis que je suis venu au monde. Merci pour ce regard amoureux que tu me jette, merci pour ces mains tendres qui me caressent et pour ces bras qui m’enlacent… Merci simplement d’être là, de faire partie de ce monde et de ma vie. ( je me suis tourné vers elle. Quelques larmes roulaient sur ses joues ) Oui, je m’en souviens bien, a-t-elle conclu le regard perdu dans le lointain. Tu avais déjà tout de l’homme que j’aim… ( elle a marqué une pause ) que j’ai aimé…
Elle a baissé les yeux et nos sourires se sont évanouis. Je ne sais pas trop ce qui s’est passé dans ma tête à ce moment là. Je n’ai rien ressenti de particulier face à ces mots. Je crois simplement que, sur le coup, je n’ai pas voulu comprendre que la fin était effectivement là…
- Comment ça… ?
Elle a pris une grande inspiration. Elle semblait un peu perdue.
- Les gens changent, tu l’as dit toi-même… Il s’est passé tellement de choses dans nos vies depuis ces quatre ans… Tu as bouleversé ma vie et j’ai été l’une des femmes les plus heureuses à tes côtés, mais… ( elle a hésité, comme si dire ces mots étaient une souffrance pour elle ) … mais aujourd’hui, je crois que… que je ne t’aime plus…
- Tu crois… ? ( Je gardais toujours le même ton neutre, insensible. )
- J’en suis sûre… Nous deux… c’est fini, Nathan.
Bizarre comme certains mots ne nous font rien alors que d’autres nous font l’effet d’un coup de masse dans l’estomac. C’est seulement à ce moment là que mon pauvre cerveau a compris qu’une page de ma vie se tournait. Toutes mes craintes étaient fondées, finalement.
J’ai pleuré instantanément.
- Non, non, non… Nathan, ne pleures pas !! a-t-elle dit.
J’ai senti l’une de ses mains attraper la mienne et je n’ai pas trouvé d’autre réconfort que celui de ses bras. Je suppose que c’est un sentiment commun à tous… Après une rupture, on se rend compte que la seule personne qui serait à-même de nous consoler est justement celle qui nous quitte.
Cela m’a fait comme un vide, un immense creux dans le cœur. J’ai éclaté en sanglot dans ses bras et elle me caressait lentement les cheveux, mais elle savait qu’elle se devait de continuer.
- Nathan, je suis désolée… ce que je ressens pour toi… ce n’est plus de l’amour, mais de la tendresse… je ne te vois plus comme je te voyais avant… j’ai juste de l’affection pour toi, c’est tout… je suis désolée de te faire souffrir comme ça, mais ça ne peut plus durer…Tous ces moments, ces souvenirs qu’on a en commun resteront en moi pour le restant de mes jours… Tu es merveilleux, mais notre histoire doit s’achever…
Je pleurais toujours plus. J’ai serré sa main comme si ma vie en dépendait. J’avais mal… physiquement mal. J’ai réellement eu l’impression que mon cœur était arraché de ma poitrine béante et découpé en multiples morceaux… avoir le cœur brisé : une expression qui a pris tout son sens à cet instant.
- Pourquoi… ai-je tenté d’articuler au travers de mes pleurs. POURQUOI ??!!
Question un peu stupide, mais que dire d’autre… ?
- Je ne sais pas, Nathan… je ne sais pas du tout. Ce ne sont pas des choses qui se commandent…
J’ai pleuré, longuement.
Et puis on a discuté… Je l’ai pathétiquement suppliée de changer d’avis, de me laisser une chance, mais elle m’a avoué qu’il y avait quelqu’un d’autre dans sa vie. Elle m’avait déjà laissé une chance selon elle, une chance de changer le cours des choses, mais je n’avais pas su la saisir… Il était bien trop tard.
Que c’est dur de perdre son premier amour ! Surtout lorsque cela a duré quatre ans. Elle a pleuré, elle aussi. Beaucoup. Je crois que c’est le fait de me voir souffrir… Une douleur comme je n’en avais jamais connu auparavant.
C’est sur ce banc que tout avait commencé… c’est sur ce banc que notre histoire d’amour s’est achevée…
Nous sommes repartis chacun de notre côté après ça.
Pour ma part, je me suis installé au volant de ma voiture et j’ai pleuré en rouant le volant de coups. J’ai pleuré en conduisant. J’ai pleuré dans les bras de ma famille et dans ceux de mes amis… Je n’ai été qu’une pauvre enveloppe charnelle sans vie pendant quelques mois, un dramatique déchet qui n’avait aucune utilité sinon de transmettre son interminable et déplorable déprime. Je crois qu’à cette époque, tout le monde devait me haïr… Je n’étais pas de très bonne compagnie…
De son côté, elle est partie vivre sa vie avec son nouvel amour… Nous nous téléphonions de temps en temps pour nous donner de nos nouvelles. C’était devenu un rituel, une fois par mois. Nous ne nous voyions jamais… Il nous importait juste de savoir comment l’autre allait…puis les coups de fil se sont espacés jusqu’à disparaître totalement.
Ce matin, cependant, je l’ai appelée.
Cela faisait quatre ans que je n’avais pas eu de ses nouvelles… Quatre longues années… J’en ai eu assez. Voici bien une preuve qu’un premier amour ne s’oublie jamais. Elle n’a pas semblé surprise de m’entendre lorsqu’elle a décroché. Elle semblait même heureuse. Nous avons bavardé cinq minutes et je lui ai demandé si elle voulait qu’on se voit.
Oui, elle le voulait.
J’ai insisté pour que nous nous retrouvions sur ce banc que nous aimions tant, bien que nous n’habitions plus la même ville. J’ai entendu son rire si familier au travers du combiné et elle s’est résignée à accepter.
Je suis assis sur ce banc, en ce bel après-midi de juin. Ce n’est plus le même banc, évidemment, celui-ci est tout en métal. Le parc a bien changé lui aussi, mais les gens qui le fréquentent sont toujours les mêmes. Des couples d’amoureux qui se baladent, un ou deux joggers, des enfants qui piaillent à tue-tête et qui rient aux éclats… ce soleil resplendissant qui nous galvanise.
Comment va-t-elle être ? Aura-t-elle beaucoup changé ? Est-ce que nous serons capables de parler sans problème ? Ne serons-nous pas trop gênés, comme des étrangers, après toutes ces années ? Je n’aurais pas le temps d’imaginer les réponses à toutes ces questions…
Elle arrive.
Je vois Céline déambuler sur le petit chemin. Les ombres des platanes et des trembles défilent sur son visage à mesure qu’elle s’approche de moi. Elle me sourie déjà, mais continue à marcher lentement, mains croisées derrière elle.
Je sens mon cœur qui s’affole dans ma poitrine et mes mains tremblent d’anxiété. Je me lève un instant, mais elle est encore loin alors je me rassois. Elle rit de mon comportement, probablement pour évacuer son propre stress.
Elle s’approche de plus en plus et je découvre nettement son visage. Elle n’a pas changé. Je lui fais un grand sourire lorsque je lis une pointe d’angoisse sur son visage. Je me rends compte qu’elle appréhendait ce moment au moins autant que moi.
Elle est toujours aussi belle… Le temps lui a réussi.
- Jolie coupe de cheveux, commence-t-elle. Ça te change, c’est pas mal !
Je souris en touchant mes cheveux du bout des doigts.
- Une nouvelle coupe juste pour toi.
Elle sourit aussi. Elle s’installe à côté de moi et nous observons le parc pendant quelques minutes, sans mot dire, sans même oser croiser nos regards. On doit ressembler à deux adolescents hésitants… C’est étrange. Pourquoi cette attitude ? Probablement ces dix années sans même s’être vus…
- Alors… ( elle continue à fixer le parc ) qu’est-ce que tu deviens ? Demande-t-elle, sans doute pour briser la glace.
- Ce que je deviens… hmm… je ne suis qu’un pauvre romancier qui vit aux crochets de sa femme en espérant sortir un best-seller un de ces quatre !
Elle se met à rire.
- J’ai lu quelques-uns de tes livres, Nathan… J’aime bien, tout comme quelques millions de personnes dans ce petit monde. Tu as fait beaucoup de progrès…
- Oui… merci…
Nouveau silence.
- Tu as des enfants ? M’interroge-t-elle.
- Une fille… Céline.
Je capte enfin son regard et ses yeux qui m’avaient tant émerveillé autrefois.
- C’est une blague ?!
- Non, c’est même ma femme qui a proposé… Elle sait à quel point notre histoire a compté pour moi. Elle aussi a vécu des moments pas très faciles avec son premier amour… ( Elle sourit, hésitante ) Et toi, tu en es où dans ta vie ?
Elle s’installe confortablement dans le banc. Derrière nous, on entend les pépiements d’oiseaux qui farfouillent dans l’herbe. Des enfants passent en courant devant nous.
- Un homme, deux enfants et un caniche… Le caniche s’appelle Nathan. ( J’éclate de rire ) Juste en ton honneur…
Elle n’a pas perdu son sens de l’humour… un aspect de sa personnalité qui m’avait fait craquer. La discussion commence enfin et nous parlons de nos vies respectives. Tout se passe plutôt bien…
Les retrouvailles ont un goût de premier rendez-vous. Nous évoquons nos souvenirs communs, puis notre histoire… Nous nous sommes aimés si fort…
- Tu vois, dit-elle, dans un sens, on tient notre promesse… enfin pour ma part. ( Je lui lance un regard interrogateur, mais elle fixe le parc ) S’il y a bien une chose qui est commune à tous mes souvenirs… c’est ce sentiment de t’avoir aimé comme personne. J’emporterais ces souvenirs avec moi. Et dans un sens, je t’aimerais ainsi toute ma vie, je crois…
- Qu’est-ce que tu essaies de me dire ?
- Rien de spécial, Nathan… Juste que depuis qu’on s’est séparé, j’ai beaucoup pensé à toi… à nous… comme tu l’as sans doute fait, puisque tu m’as appelée ce matin. Et dans mes souvenirs je t’ai aimé tellement fort… Tu es la personne que j’ai le plus aimé dans toute ma vie et parfois je me demande si je n’ai pas fait une erreur…
Je reste sans voix. Je m’attendais à tout, sauf à ça… J’ai l’impression que les rôles sont inversés. Aurait-elle des regrets ?
- Regarde-moi… ( elle s’exécute ) Qu’est-ce que tu vois quand tu me regarde ? Un homme que tu as aimé… ou un homme que tu n’aimes plus… ?
Elle sourit, encore.
- Il n’y a pas de grandes différences… si ? Mais de toutes manières… je t’aime encore, je crois… Je ne cesserai jamais de t’aimer, en fin de compte. On était jeune à l’époque et je n’avais connu que toi… Je pense que j’ai eu envie d’explorer de nouveaux horizons. Ainsi va la vie… Je ne regrette pas mon choix, les regrets n’apportent rien de bon, mais certains jours je me demande ce qu’aurait pu être ma vie avec toi… Est-ce qu’on aurait été heureux ?
Elle s’apprête à pleurer, mais je ne veux pas la voir triste. C’est inutile, on ne peut pas revenir en arrière.
- Shhh… n’y penses plus. ( Je tends mes bras vers elle et elle s’y glisse en posant sa tête sur mon épaule. ) Nous avons tous les deux nos vies aujourd’hui… il ne faut pas penser à ce genre de choses…
Nous restons un moment dans les bras l’un de l’autre et nous partageons encore ces souvenirs qui nous ont rendus si heureux. Nous rions, nous pleurons, puis nous nous levons et marchons un peu, main dans la main, au milieu des autres couples.
Tout a changé, mais tout semble si identique. Nous nous aimons encore, c’est un fait.
Ça nous fait un bien fou de nous revoir, mais nous devons en rester là. Je la raccompagne à sa voiture et je la sers dans mes bras.
Elle m’embrasse, un baiser d’adieu…
- On ne se revoit plus, alors ? Me demande-t-elle.
- Je ne sais pas… probablement pas. Pourquoi briser des vies qui me semblent plutôt agréables ?
- Nous pourrions… essayer… Nous étions heureux à deux…
- Nous avons d’inoubliables souvenirs dans nos têtes… Ne risquons pas de gâcher notre plus belle histoire d’amour à tous les deux sur un coup de tête…On ne sait pas ce qui nous attend si on recommence.
- Tu as sans doute raison, mais…
- …mais tes enfants et ton caniche t’attendent… (je ris) et moi j’ai ma petite Céline.
Elle me sourit, monte dans sa voiture et s’éloigne de ma vie pour toujours, sans doute.
Nous avons préféré tuer une histoire d’amour qui n’était peut-être pas tout à fait terminée, mais après tout… les plus belles histoires d’amour sont celles qui meurent comme elles viennent.
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