Le résumé :
Une simple ode à l'amour...
Les Manuscrits Oubliés : L’Amour
Écrit par Unknowledge
Sous la poudre miroitante s’échappant de l’astre céleste, se profile une contrée qu’on ne peut voir que dans les contes. La lumière s’est posée sur le versant d’une montagne, loin au nord, et fait briller de son éclat la neige étincelante, gouache nacrée étalée sur la roche. La montagne est plus haute que tout ce que l’homme a jamais pu voir, ses pics atteignent les nuages, qui s’écartent en témoignage de sa grandeur. À ses pieds trône un lac dont l’eau étincelle sous la clarté céleste, et dont le reflet s’agite sous le chuchotement du vent. Petit à petit, la neige coule sur le ruisseau qui serpente à travers la contrée, et donne aux larmes venues du lointain la couleur de la sagesse. Et le ruisseau, dont les fluctuations l’ont mené sur une colline boisée, se jette avec force dans le lac, déversant ses milliers de larmes dans le bassin. Cette œuvre splendide s’étale sur toute la contrée. Elle murmure au sable des plages des mots doux, et leur remémore le parfum de l’océan. Elle apaise les âmes tourmentées qui s’y baignent, et leur promet une vie nouvelle. Elle infiltre son appendice au cœur de Dame Nature, et l’emplit d’une formidable joie, réveillant en son sein les milliers de vie qui la peuplent. Les sylvestres cachent de leur bras nus la faune du soleil, dont eux seuls veulent profiter, et se délectent de ce cadeau venu du ciel. Et sous les feuilles, les petits êtres silencieux que personne n’a jamais pu voir se contentent de s’abreuvoir de ce miracle venu de la terre. Et puis, bien au dessus, tout à fait à l’opposé du lac, est construite une ville dans un filigrane d’argent, perchée sur la montagne. Sa splendeur rend le plus vaste et le plus beau des royaumes comparable à la plus misérable des cabanes de pêcheurs. Si belle que la lumière même du soleil ne peut lui donner vie, car jamais dans l’éternité il ne pourrait offrir assez de son saoul pour révéler toute la beauté de cette cité.
Alors, pour briser cet instant magique, la voix du roi retentit.
« Je t’offre tout ceci, et bien plus encore. Je te donne tout ce que ton œil ne pourrait voir. Dans les profondeurs de ce lac ont été jetées des milliers de perles précieuses, des saphirs, des rubis, des émeraudes, et même des pierres dont les couleurs ne peuvent même pas atteindre ta pupille. Derrière cette montagne s’étale un champ dont les denrées naissent à profusion. Dans les grottes qui se cachent à tes pieds sont enfouis des trésors de toutes les natures, des bijoux, des lustres, des miroirs, des bracelets, des anneaux –tout ce que tu peux imaginer–, car ces grottes sont creusées jusqu’à l’infini. Dans les méandres de cette cité d’argent se cache une bibliothèque, dont les livres ne cesseront jamais de t’émouvoir, de t’angoisser, de t’émerveiller, et il en existe tant qu’une seule vie ne te suffirait pas pour tous les lire. Et au cœur de cette forêt, sur un autel dont l’exquise construction te laissera pantois des jours entiers, est planté une fleur dont le parfum te rendra immortel, et invulnérable à toutes la maladies. Et bien des richesses se cachent encore dans cette contrée, des richesses dont la restitution durerait des années entières. »
Il garde le silence. Mon regard reste fixé sur sa contrée, inébranlable. Et sa voix s’élève une nouvelle fois.
« Tu as le choix. Lui, ou ça »
Et il me fait signe de me retourner. Sur le perron apparaît une jeune fille, négligée et le visage craquelé par les larmes. Son habit est déchiré, le vent souffle sur ses chevilles d’une horrible maigreur. Elle a les bras nus, et une cicatrice marque l’un d’eux. Son cou est parsemé de bleus. Ses cheveux de soie dorée pendent sur son front et son nez désaxé. Les os de son visage ressortent sur ses joues blanches comme neige. Elle ressemble à une poupée, une poupée maltraitée par les vices d’une petite fille. Et encore la voix du roi.
« Alors ? »
Je lui offre un sourire. Le choix est bien moins difficile que je n’aurais cru. Et elle me regarde de ses petits yeux embués, l’un vert et l’autre bleu. Et ma réponse se fait entendre, brisant un instant le chuchotement du vent.
« Elle, évidemment. »
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