Poème du jour
Les poètes
Sont prophète
Leurs pensées libres
Sont liées à ce qui vibre
Et le défunt vain,
Qui plie en deux
En vain sur déteint
en vain ...
Car le feu en eux
l'a déjà atteint et éteint ...
Copyright © Fatima Maaouia |
Analyse & commentaire du Pro Med Salah B Amor :
Ce mini-poème qui attire d'emblée l'attention par cet écart orthographique saillant lancé comme un défit aux académiciens (Les poètes sont prophète ) est, comme je l’ai su de l’auteure elle-même, relativement ancien. Il daterait de la période où elle faisait ses premiers pas et avait les traits que nous voyons dans cette photo. De ce fait, il revêt pour l’historien de la littérature une importance historique. Et puisqu’il a, à peu près, la forme d’un manifeste, il peut nous éclairer sur les choix poétiques et intellectuels qui l’animaient à ses débuts, surtout que nous avons une idée claire sur son expérience actuelle qui s’inscrit sans nul doute dans le courant militant et engagé. La principale information que nous fournit ce texte est l’attachement de l’auteure à la valeur intrinsèque de la poésie qui est, avant tout, comme l’a dit Paul Valéry, une « expression artistique d’une expérience vécue ».Et ce, contrairement à ce que prône la jdanovisme pour qui le texte littéraire tire sa valeur uniquement de son contenu révolutionnaire.
En effet, Fatima Maaouia ici élève le poète au rang des prophètes (les poètes sont prophètes) certainement grâce au don de visionnaire dont il jouit et qui lui permet de voir l’avenir. Ce que nous traduisons par le terme cognitif de capacités intuitionnelles qui n’ont rien de surnaturel. Un deuxième don est mentionné explicitement aussi dans ce texte : c’est l’hypersensibilité mais dans un cadre bien déterminé : la liberté de pensée et la vie (leurs pensées libres sont liées à ce qui vibre ), en insistant tout particulièrement sur la vie et en excluant fermement tout ce qui est lié à la mort (le défunt vain, qui plie en deux en vain sur eux déteint en vain...) qui n’a aucun droit à l’existence, pour la simple raison qu’elle est la négation de la vie. Un troisième don dont le poète est détenteur, c’est l’énergie puissante et purificatrice qui l’anime et que la poétesse symbolise par le feu , un feu qui brûle le vain et fait pousser de ses cendres l’utile et l’efficace. Et voila que nous retrouvons la Fatima militante et engagée que nous connaissons et qui ne s’est doc jamais départie de ses convictions artistiques et intellectuelles depuis ses premiers pas jusqu’à ce jour, demeurant toujours jeune avec ses idées progressistes et son art constamment renouvelé.
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