Résumé :
Un homme est perdu dans ses pensées. Il se rappelle comment était la vie avant la catastrophe. Mais sa femme vient interrompre ses songes pour lui rappeler qu’il leur reste au moins quelque chose...
L'unique chose qu'il nous reste
Un récit écrit par Gorman Truart
Les rais lumineux du soleil apparaissaient une dernière fois derrière l’épaisse nappe nuageuse. Ils étaient gris et ternes et semblaient présager une nuit humide. Je les regardai sur la pointe d’une falaise avec amertume avant de poser mes yeux sur l’immensité immuable de la mer. Celle-ci était d’un bleu immaculé, recouvert d’une houle épisodique, légère et berçante à souhait. Je respirai l’air marin à plein poumon comme pour me redonner force, puis me promenai tout au long du rivage avec entrain et bonheur.
Je marchais lentement sur la plage et soudainement emporté par le tumultueux, mais non moins mélodieux fracas des vagues, je me couchai et criai sur le sable comme un enfant véhément. Ainsi, je me roulai de tous côtés, m’étirai en long et en large tout en humant l’odeur de la mer et du sable. J’étais littéralement enveloppé par cette atmosphère de fraîcheur et d’eau salée. Mais bientôt pris de court par ma conscience d’adulte, je me relevai et observai une nouvelle fois cet invariable infinité de liquide bleuté. Dès lors, je repris le chemin de la réalité. Une voix répéta obstinément « chéri » « chéri » ce qui m’obligea à enlever mon casque et d’éteindre mon logiciel si véridique de nostalgie.
Elle était sur le seuil de la porte et m’interpella avec lassitude :
- J’en ai ras le bol du boulot, quelle journée ! Puis me regardant bizarrement elle reprit :
- Encore sur l’une de tes créations ?
- Toujours, dis-je avec égarement.
Ne m’écoutant manifestement pas, elle s’approcha de moi et commença à se déshabiller sans préambule avant de reprendre de plus belle la parole :
- Tu pourras aller tout le temps que tu voudras sur tes logiciels, la nature ne reviendra pas. C’est fini !
- Je sais, je n’ai en somme plus qu’à me suicider.
- Mais non, insista-t-elle avec rigueur, dans ce monde il nous reste encore le plaisir de l’amour.
Je ne l’écoutai déjà plus, entièrement occupé par les songeries. J’étais pris par un étrange sentiment d’aversion après tout ce que j’avais fais pour la nature, en pure perte. Tant d’années à défendre l’environnement, tant d’années à les prévenir que la terre était en passe de changer dangereusement d’atmosphère, tant de bouteilles en résumé balancées dans l’immensité de l’océan. Et voilà le résultat aujourd’hui, nous vivons dans une sorte de bulle qui nous protège des rayons ultra violet, plus d’arbres, plus d’herbes, juste une ville géante où se retranche le reste de l’humanité. Ma femme a sûrement raison, la nature n’étant plus qu’onirique, il nous reste plus que l’amour à compenser.
Voyant son évidente impatiente, je me laissai donc faire à son étreinte de plus en plus sensuelle. Elle m’embrassa tendrement sur les lèvres d’une douceur suave et enivrante. Puis, elle déboutonna mon pantalon jusqu’à prendre mon sǝxɐ entre ses mains expertes qu’elle caressa avec plaisir et délicatesse. Je sentis celui-ci gonfler inexorablement.
- Tu as raison, j’ai fais ce que j’ai pu pour la nature. Et comme elle n’existe plus, l’amour est notre dernier refuge avant la mort.
Elle s’avança de mon visage en mettant son petit index sur ma bouche et me siffla harmonieusement à l’oreille :
- Couche toi maintenant !
Ce que je fis aussitôt pour mon plus grand bonheur.
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