Jamais je n’aurais cru lire cela dans un regard.
Comment un tel amour pouvait-il exister ?
Et pourtant j’étais là, dans ces bras, ne voulant plus quitter ce nid douillet.
Le bonheur embaumait la chambre d’un parfum qui jusqu’alors m’avait été refusé par la vie, mais aujourd’hui tout était merveilleux, irréel.
-Tu dors ?
-Non.
-Tu penses à nous ?
Un baiser sur ma tempe, une étreinte qui se resserre.
-Oui…
-Est-ce que tu ressens le même bonheur ?
-Tu en doutes ?
-Non….
-Est-ce que tu crois que les gens vont deviner que nous sommes ensembles ?
-Sans doute. Surtout si tu continues à afficher cet air béat.
-Hum très drôle. Si je le pouvais je crierais au monde entier : je l’aime !
-Et qu’est-ce qui t’empêche d’ouvrir la fenêtre et de le faire ?
-…
-Allez, dis- moi.
-Tu sais très bien.
-Non.
Ça y est c’était inévitable, bien sûr, j’aurais dû m’en douter, un moment ou un autre il fallait bien en venir au sujet.
-Pas maintenant.
-Quand ?
-S’il te plait…
-Plus tard ?
-Oui c’est cela, plus tard.
-Quand nous serons vieux et les autres plus sages.
-Ou morts…
-Tu es bête...
-Oui, je sais. Mais est-ce que je n’ai pas le droit de vouloir profiter de cet instant, je sais que tu m’aimes et moi aussi, n’est-pas cela le plus important ?
-C’est bien toi qui voulais le crier au monde entier je me trompe ?
-Bon, écoute, faisons un compromis, d’accord ?
-D’accord.
-Le mois prochain c’est mon anniversaire.
-Ok ?
-Je t’invite et te présente à ma famille.
-Tu es sûr de vouloir ?
-Maintenant c’est toi qui doute ?
-Hum le mois prochain. C’est noté : rencontre avec ma belle famille.
-Et ensuite tu me présentes à la tienne.
-Ma mère va être ravie.
-C’est vrai ?
-Elle n’arrête pas de me poser des tas de questions :
« Je vois bien qu’il y a quelque chose de changé dans ta vie.
Pourquoi tu ne veux rien me dire ?
Je suis ta maman et tu sais que l’on ne doit rien cacher à sa maman ! »
Je ne pus m’empêcher de rire devant ses mimiques.
-Tu crois qu’elle m’aimera ?
-Je t’aime. Je suis bien. Elle t’aimera c’est certain.
-Malgré…
Je ne pus continuer ma phrase :
Un doux baiser venait de se perdre sur mes lèvres.
-Elle t’aimera, pas autant que je t’aime, mais crois moi elle t’aimera.
Et voilà, aujourd’hui, c’est le grand jour ! Je vieillis !
Mais qu’importe cette nouvelle année, puisque le bonheur est au rendez-vous !
-Viens, entrons !
-Attends tu es sûre….
-Viens…
J’ouvre en grand la porte du salon sachant très bien que derrière les lumières éteintes se cache toute la famille.
-Bon anniversaire !
Tout le monde s’attroupe pour m’embrasser, à cet instant mon regard croise le sien, j’y lis le doute, la peur, je prends sa main :
-S’il vous plaît, s’il vous plaît…
Le silence se fait petit à petit…
L’étonnement se lit sur les visages, certains affichent un sourire en coin, narquois, d’autres détournent les yeux gênés.
Mais je m’en moque, je prends la main de mon nouveau compagnon, celui que j’ai choisi, celui avec qui je vais construire ma vie.
-Maman, papa, je vous présente Daniel.
-Daniel…balbutie mon père.
Ma mère.
Je sens son regard scruter nos cœurs, notre âme, comme pour y chercher une faille, quelque chose qui la ferait douter de notre futur.
Et puis, soudain, elle nous sourit, prend le bras de Daniel :
-Je ne souhaite qu’une chose, Daniel !
-Madame ?
-Que vous rendiez mon fils heureux !
...
© Publié par Laure bolatre. TDR
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