samedi 19 septembre 2015

Par delà murs et trompettes

Poème du jour : Par delà murs et trompettes 

Par : Alain Nemo 

Alain Nemo
Avec ta carcasse désemboutie
Tu roulerais loin
Le long des méridiens

Un corps ainsi projeté
Chaufferait à blanc
Le fil rouge
Du temps
Et ...
Lâcherait son souffle
Dans le plus brûlant
Des azurs

Ce serait ton corps –
Qui tiendrait de
Giacometti
L’immortelle silhouette
Fondue avec
Les aciers de
César –
Là exposé aux grands
Carambolages
De l’instant

Et ton cœur
Que l’argile pétrirait –
Se modèlerait fortement
Dans les plus belles
Attractions
Et
Leurs pulsations orgasmiques :

Toute une histoire tremblante
Passant dans tes mains
Qui trouveraient
Son langage

La grande terre peut tourner
Entièrement sur son axe
Tu laisserais encore
Vriller la toupie
Du temps

Là campé vers le ciel
S’inaugurerait
Ton long
Désir
Avec ses moments déchaînés
D’amour – comme
Un toujours :
Recommencé

L'Analyse : 

L’une des lois fondamentales – et il faut bien faire la distinction entre loi et règle- de l’expérimentation littéraire, apparue pour la première fois à la fin des années soixante, au sein du groupe « Tel Quel » à Paris sous la houlette de Philippe Sollers - est de faire éclater une règle ou plus de l’écriture classique.

Le choix de l’auteur de ce poème s’est porté sur les deux notions espace/temps qui , selon la définition classique de l’art énoncée par Aristote, doivent être reproduites « avec la plus grande exactitude ce qui s'offre à notre perception dans la nature ».Ce qui consiste à respecter l’impression ordinaire que la conscience humaine a de ces deux notions et qui est de les saisir comme étant deux contenants : l’un concret et visible (l’espace) et l’autre abstrait et invisible( le temps) et qui ont une caractéristique commune : l’infinité. Partant de ces deux notions, le poète s’identifie, par le biais de l’imagination et la sensibilité, à l’espace et au temps, en s’attribuant leur étendue illimitée. Et du coup, il nous place devant un spectacle fantastique avec cette propulsion foudroyante de son corps à travers le cosmos (tu roulerais loin le long des méridiens –ton corps …lâcherait son souffle dans le plus brûlant des azurs - là campé vers le ciel) et sa fusion avec le temps qui le met c.à.d le poète, par rapport à lui, en position d’agent actif et non plus comme les communs des mortels comme un « patient » (ou être passif) qui subit les transformations que le destin lui impose ( toute une histoire tremblante passant dans tes mains - la grande terre peut tourner entièrement sur son axe ,tu laisserais encore vriller la toupie du temps),ce qui permet d’accéder à l’immortalité (ce serait ton corps – qui tiendrait de Giacometti l’immortelle silhouette).

Cependant, l’Homme, même s’il acquiert un jour cette faculté de devenir maître de l’espace et du temps, il demeurera esclave de sa nature animale originelle (ton cœur que l’argile pétrirait – se modèlerait fortement dans les plus belles attractions et leurs pulsations orgasmiques - là campé vers le ciel s’inaugurerait ton long désir avec ses moments déchaînés d’amour – comme un toujours : recommencé).

Un autre texte de pure création qui témoigne de la grande sensibilité esthétique de son auteur et de ses capacités imaginatives hors pair .

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