Poème du jour : Nouvelles brèves sur la lumière du soleil
En lieu d’exil
Je souhaite
Qu’en me réveillant
Je trouve le plafond du matin
Bagdadien !
Yahin !
Même l’habit de la joie est noir
Même nos boites postales
Ne nous apportent
Que les colis d’obscurité
Je laisserai le bruissement de l’air
Sculpter de ma main
Une maison pour la famille éperdue.
Il n’y a aucune lumière sur nos chapeaux
Il n’y aucune main pour accrocher
L’impartialité sous la forme d’un pot de fleurs.
Pour cela,
Nous avons reporté les nouvelles brèves
Sur la lumière du soleil
A un autre bulletin d’information.
De son peigne tombe la tristesse,
Tombe la peur.
Sur son manteau abusivement noir,
Galope une rivière morte
Comme il est persistant ce clou crochu
Auquel j’étais accrochée toute ma vie !
La poussière noire elle-aussi
Est une cloche accrochée au plafond de la maison.
Le rêve se disperse au dessus de nos têtes
Comme une herbe verte
Nous ne mourrons pas
Et sur nos habits
Galope la braise des roses rouges
Je mets la lampe dans la gueule de la noirceur
Et je dis à l’obscurité :
Le temps est étroit sur le corps de ma montre
Le rocher attaché à mon pied
N’est plus rien d’autre qu’un brin de paille
Qui essaie de retarder mon arrivée
Loin de tout désespoir
J’ai tiré le vide du pilier de la maison
Et j’ai dessiné la Liberté
Sous les traits d’un oiseau brisant la cage
Le Copyright © Nwal Alghanim
( Poétesse Irakienne)
Analyse & Commentaire de Med Salah B Amor :
L’auteure de ce poème est une poétesse irakienne résidant à Sidney( Australie). Et comme toute les personnes vivant loin de leur milieu natal, elle est tiraillée entre l’obligation de s’adapter au milieu d’accueil pour continuer à vivre au sens matériel du mot et son attachement affectif extrêmement profond à sa terre d’origine. Ce qui engendre une interférence inévitable sur le plan psychique entres les images de ces deux mondes. Cependant, si ce modèle s’applique à tous les exilés en tout lieu et en tout temps, il comporte plusieurs sous-modèles qui se différencient par des traits inhérents à la personnalité de chaque individu.
Dans le cas-ci présent et selon le contenu véhiculé par ce texte, la locutrice se distingue par l’enchevêtrement très complexe de deux sentiments infiniment forts : une douleur intense vis-à-vis de la situation dégradée qui prévaut dans son pays où la guerre puis le terrorisme ont fait plusieurs milliers de morts et une croyance dure comme fer en la capacité de son pays le grand Irak, le foyer de la plus première civilisation moderne, de se relever de sa chute. De ces deux sentiments opposés a été générée une dualité visuelle symbolique ; :obscurité/ lumière dont chacun de ses deux termes a été le centre d‘une isotopie géante. Pour l’obscurité à titre d’exemple : (même l’habit de la joie est noir/même nos boites postales /ne nous apportent /que les colis d’obscurité - Il n’y a aucune lumière sur nos chapeaux - son manteau abusivement noir…) et pour la lumière ( nouvelles brèves sur la lumière du soleil - je mets la lampe dans la gueule de la noirceur /et je dis à l’obscurité : le temps est étroit sur le corps de ma montre) à laquelle est attachée une sous-isotopie botanique (le rêve se disperse au dessus de nos têtes comme une herbe verte - nous ne mourrons pas et sur nos habits galope la braise des roses rouges ) et qui symbolisent toutes les deux l’avenir reluisant de l’Irak .Un autre avantage a été tiré de cette dualité, c’est qu’elle a donné naissance à une multitude d’images opposées et entremêlées connotant le présent difficile de l’Irak et son avenir tel que le croit la poétesse .
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