Anthologie de Poèmes & Poésie Arabes traduits en Français :
Poésie et littérature arabes ! |
Poème N°01 : Mon Père, de A. Nwal :
Je m’adosse sur la nuit de ta abaya* noire
Et laisse le vent éplucher avec le chant
La rouille me couvrant la gorge
Seuls les pleurs ne remplissent que la rougeur des yeux
J’ai semé ma main dans la rue pour un bout de pain
Et dit à la Koufa* :
« Ils ont récidivé !
Le lait des pauvres a alors coulé par terre »
Nous nous dispersons secrètement à l’instar de la prophétie
Tandis que les indicateurs sont collés à nos visages
Sur un baril bourré de poudre à canon
Nous avons laissé l’Irak dormir
Et nous nous sommes mis à le pleurer à haute voix
Il ne se lèvera jamais un matin pour les pauvres
Tant que nous tuons dans l’ombre Ali*
Puis nous marchons derrière son cortège funèbre
Tant que nous égorgeons chaque jour Jésus et Zakaria
Tant que nous sommes un jour sunnites et un autre chiites
Le corbeau de la séparation continuera à nous pourchasser
Ö mes parents !
Ramassez les débris du matin éparpillés sur les routes
Sans un corps unique et sans une main unique
Nous ne nous relèverons jamais
Ö mes parents !
Je crains que si le collier se défasse
Et c’est le souhait le plus cher des ennemis
Nous nous perdrions tous dans le désert
Et nous deviendrions les juifs errants de l’histoire
Ö mes parents !
L’inattention ne laisse à la maison aucun prophète vivant
Y prenez-garde !
Si elle arrive le verre d’or nous sera volé entre les mains
Et nous perdrons le couffin et les raisins
A ce moment l’histoire nous damnera
Les générations nous rejetteront
Les pieds nous écraseront
Les papiers nous injurieront
Parce que nous aurions perdu l’Irak
Abaya :sorte de manteau arabe en laine
• Koufa :l’une des plus grandes villes de l’Irak et l’un des fiefs du secte chiite.
• Ali : Ali Ibn Abi Taleb, le gendre du prophète Mahomet et le quatrième khalife après lui. Les chiites musulmans s’en réclament.
*Zacharie : père de Jean Baptiste , prophète pour les musulmans .
Nwal Alghanim – poétesse irakienne |
Poème N° 02 : Nouvelles brèves sur la lumière du soleil :
En lieu d’exil
Je souhaite
Qu’en me réveillant
Je trouve le plafond du matin
Bagdadien !
Yahin !!*
Même l’habit de la joie est noir
Même nos boîtes postales
Ne nous apportent
Que les colis d’obscurité
Je laisserai le bruissement de l’air
Sculpter de ma main
Une maison pour la famille éperdue.
Il n’y a aucune lumière sur nos chapeaux
Il n’y aucune main pour accrocher
L’impartialité sous la forme d’un pot de fleurs.
Pour cela
Nous avons reporté les nouvelles brèves
Sur la lumière du soleil
A un autre bulletin d’information.
De son peigne tombe la tristesse,
Tombe la peur.
Sur son manteau abusivement noir,
Galope une rivière morte
Comme il est persistant ce clou crochu
Auquel j’étais accrochée toute ma vie !
La poussière noire elle-aussi
Est une cloche accrochée au plafond de la maison.
Le rêve se disperse au dessus de nos têtes
Comme une herbe verte
Nous ne mourrons pas
Et sur nos habits
Galope la braise des roses rouges
Je mets la lampe dans la gueule de la noirceur
Et je dis à l’obscurité :
Le temps est étroit sur le corps de ma montre
Le rocher attaché à mon pied
N’est plus rien d’autre qu’un brin de paille
Qui essaie de retarder mon arrivée
Loin de tout désespoir
J’ai tiré le vide du pilier de la maison
Et j’ai dessiné la Liberté
Sous les traits d’un oiseau brisant la cage
Poème N° 03 : Ö tisseur de la blessure :
Un poème de Imen Diabel- poétesse bahreïnienne :
Qui fait pénétrer ses aiguilles
Dans mes souffrances
Aucun fil ne peut me repriser !
Le temps vole de mes jours
Me berne
Prends donc ce qui en est resté…
Et fais-moi don
D’un seul instant à vivre
Pareille au papillon
Offrant à la lumière son trépas
Comme la mort est belle
Si tu t’en sers
Pour réaliser tes desseins !
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire