j’ignore pourquoi souffrir

j’ai l’âme à la tristesse

j’ai l’âme à fleur de peau

c’est étrange

je ne t’ai pas connue

je ne t’ai jamais parlé

mais j’ignore pourquoi souffrir

cette soudaine envie

d’ausculter tes dernières détresses

de me souder à ta dernière solitude

de me fondre dans ton ultime pensée

de sonder la femme

d’aimer la pute

avec son sourire triste

de boire ses larmes confidentielles

de me baigner dans le ruisseau

de ses blessures

de retenir cette chair brisée

par la corde fatale

j’ignore pourquoi

cette douleur grelottante

hante mes silences anonymes

comme si un lien invisible

comme si un fil d’ariane

me reliaient à des demeures interdites

à des vies à jamais englouties

à des bras qui ont trop embrasés

à des mains qui ne battaient pas 

à la même cadence

au même rythme 

que l’ordre des saisons

à des yeux qui voyaient 

d’autres rayons

étrangers à ceux du soleil

qui scrutaient des lumières de nuit

émerveillés par l’ombre propagée

j’ignore pourquoi souffrir

cette soudaine envie 

de me relier à ta lumière

avec des mots de diamants

des paroles d’or et d’argent

comme un chant

comme une mélodie unique

avec un regard d’homme

avec un regard d’absolu

vers une jeune éternité

j’ai foulé longtemps le sol

de ton pays d’enfance

j’y retournerai

dans une prochaine aube

pour déterrer tes pas

revoir tes gestes

réentendre tes mots

relire tes pensées

revivre tes révoltes

j’y retournerai Isabelle