DE MON DÉCÈS…
Si je devais être enterré
Alors, de mon décès,
J’aimerais retrouver,
Bouteille à la main,
Mes vieux copains
Au fond d’un bistrot
Avec un verre de trop,
Deux trois pots de vin,
Se raconter des bobards,
S’échanger des regards,
Et des sourires en coin
Jusqu’au prochain matin.
Si je devais être enterré
Alors, de mon décès,
J’aimerais me détacher
De cette satanée laisse
Dont je me serais bien passé
Si j’avais eu cette noblesse
D’esprit de tout envoyer balader
Mais, vivre au sein d’une société,
Ça ne se fait jamais avec la trouille,
Seulement en sortant ses couilles
Quitte à briser ces frêles murailles
Aussi fragiles qu’un vieux vitrail.
Si je devais être enterré
Alors, de mon décès,
Je voudrais choisir ma maison,
Opter pour le plus douillet des cocons
En y affichant des posters olé-olé,
Tanière de packs de bière auréolés
Limée de photos de mes fiancées,
Car rien n’est plus humain
Que d’être un terrien
Ayant pour besoin
Certaines simplicités
Que l’on obtient
Au fil des années,
Avec ce brave chien
En guise de fidélité.
Si je devais être enterré
Alors, de mon décès,
J’aimerais retourner
Dans les bras de ma mère
Pour redécouvrir la lumière
De ce que c’est d’être désiré,
Comme cet éclat inestimé
Dès que ce mettent à pleurer
Les yeux d’un amour familial
Aussi friable qu’une cathédrale.
Avec le temps il y a des fondations
Pouvant laisser deviner du carton.
Si je devais être enterré
Alors, de mon décès,
Je voudrais voyager
À bord d’un petit voilier,
Aussi léger qu’un oiseau,
Pour combattre les eaux
M’aveuglant de leurs rouleaux
Dès que se lèvent les tempêtes,
Dès que les heureux bigorneaux
Me voient rêver de tourteaux
En pêchant quelques crevettes,
En loup solitaire faisant la fête.
Si je devais être enterré
Alors, de mon décès,
Je voudrais déclarer
À ceux m’ayant aidé
Pour enfin devenir
Quelqu’un se sentant bien
Avec seulement trois fois rien,
Un style pour écrire un bouquin
Mais, même en levant le poing,
On ne peut pas tout révolutionner
Si le courage de peur est révulsé,
Même en luttant contre la marée,
Pour espérer un jour avancer,
La vérité est là pour nous noyer.
Si je devais être enterré
Alors, de mon décès,
Je voudrais m’acheter
Un cœur jamais porté
Pour réapprendre à aimer
Comme savent le faire les bébés
Sans ressentir ces ariennes pensées
Qui, tel un adultère, vous dévore
Sans que vous puissiez vous défendre
À part, peut-être, vous laisser dire
Que surement ce jour viendra
Où, par chance, tout s’effacera.
Si je devais être enterré
Alors, de mon décès,
Je voudrais déclarer
Ma flamme à la femme
Faisant briller mon âme,
Telle l’inusable flamme
Que nous tend la liberté,
Afin que soient statués
Mes sincères sentiments
Que je ne sais déclarer
Autrement qu’en blessant,
C’est moins embarrassant.
Si je devais être enterré
Alors, de mon décès,
Je voudrais être un pique-nique
Aux abords des voies publiques
Où se salueraient ces passants,
Qui crurent en moi un instant,
Ceux que j’ai laissés indifférents
Pour générer un attroupement
Comme si un immigrant de la vie
Avait fait, de sa léthargie,
Quelque chose de dérisoire
N’ayant jamais fait d’histoire.
Copyright © Ludovic Auboeuf
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