dimanche 6 mars 2016

Espoir par Gaëtan Parisi

Espoir :

Je rêve 
Je rêve et j'ai peur 
Peur de mon réveil 
Et si ces images ne parlaient d'aucune aube vermeille 
Le vide est une présence amère 
Un spectre aux couleurs austères 
Où seul l'espoir assume une onde claire de lumière 
Une prière

Au risque de me damner à jamais
Je veux revivre ce que mon cœur aimait
J'imprime ces images en polychromie 
Sur toute mon anatomie 
Je veux garder sur moi 
Et en moi
L'espoir dépositaire 
Des graines de blé vert
D'un avenir salutaire
Dans ton univers

Je rêve 
Je rêve d'un rêve sans fin
Un rêve sans les images indolentes 
Mais avec les plus souriantes
Ton retour 
Ton amour
Ses fragrances  
Ses transes

Comme "Dakiki" le poète guèbre 
J'aspire à l'excellence de la vie 
Une vie en ta compagnie 
La victoire du jour sur les ténèbres
Je veux ton sang comme succulence rouge de mes envies
Je veux les baisers de tes lèvres couleur rubis
Je veux me balancer au son de la harpe 
Et ainsi rebondir sur l'escarpe 
De la muraille des religions
Comme ultime espérance
La délivrance 
De ma passion 

Je rêve 
Quel est ce rêve 
Sur le seuil de la fenêtre  entr'ouverte
Attendant que le matin se lève
Pour s'envoler comme une feuille verte

Gaetan Parisi Photo Perso
Tous droits réservés © Gaëtan Parisi

Analyse :

Pour essayer de saisir le fond de ce poème qui tourne, comme presque la totalité des écrits de cet auteur,  autour de la rupture amoureuse, il est utile de se rappeler les étapes par lesquelles passe généralement, selon  les psychologues,  le partenaire qui vit cet événement douloureux : d’abord le choc qu’il lui fait subir  ensuite la négation du nouvel état de fait pourtant évident et le refus de l’accepter,  s’en suivra une  colère violente et destructrice à l’encontre de l’ex-bien-aimé ( e ) mélangée à un désir de vengeance, puis  une auto dévalorisation née de la sensation que l’expérience malheureuse qu’il vient de vivre est le résultat d’un échec. Ensuite , la courbe descend petit à petit vers le dénouement avec  l'acceptation du fait accompli avant d’entamer  une reconstruction qui sera plus ou moins longue. 

Dans ce poème, le locuteur, tout en étant sujet à cet événement tragique, se maintient dans l’étape de la négation, en se faisant l’illusion que l’amour perdu est récupérable. Et il va dans ce sens jusqu’à l’extrême, en se convaincant que l’impossible est possible et en vivant  le désespoir , par le biais du rêve, comme un vrai  en espoir. Là, le cas du locuteur peut être qualifier de  pathologique, étant donné que  la sensation qu’il éprouve naît généralement d’une  rupture totale avec la réalité (je rêve / je rêve et j'ai peur/ peur de mon réveil/  et si ces images ne parlaient d'aucune aube vermeille   ) . Ce qui est   l’un des signes évidents de la psychose. Dès lors, nous comprenons que le discours qu’il se tient dans la totalité du poème est un véritable délire psychotique. Et qu’y a –t-il d’étrange en cela puisque que l’Amour, le vrai , relève de la même zone  qu’occupe la folie dans la psyché humaine : celle de l’irréel ?

Côté style : le poème est agrémenté, de bout en bout, d’images finement ciselées avec, en parallèle, un rythme interne toujours croissant, en concordance avec l’état d’âme du poète (  je veux ton sang comme succulence rouge de mes envies / je veux les baisers de tes lèvres couleur rubis / je veux me balancer au son de la harpe et ainsi rebondir sur l'escarpe de la muraille des religions comme ultime espérance la délivrance de ma passion ).

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