mercredi 2 décembre 2015

Une petite histoire d'amour

Lorsque je me suis réveillé ce matin, j’ai eu un sentiment bien particulier. j’avais l’impression que c’était vraiment la dernière fois que j’irais à mon rendez-vous annuel.
 Il y a quelques temps, un fichu bonhomme en blouse blanche m'a annoncé froidement cette putain de mauvaise nouvelle que personne ne voudrait jamais entendre : "Monsieur, faite votre valise, vous allez partir pour un long voyage sans retour, j’en suis désolé, je ne peux rien faire pour vous". 

Voyages romantique en train
Une petite histoire d'amour
Alors, comme chaque premier dimanche de juillet, depuis presque 20 ans, je fais le même chemin qui me conduit à la gare de mon petit village, je m’assois toujours sur le même banc et j’attends, ho, je ne sais pas vraiment pourquoi au bout de tant d’années j’espère encore qu’elle viendra mais c'est plus fort que moi, j’ai trop peur de louper notre promesse d’enfant, alors inexorablement je viens et rien ne pourrais m’en empêcher, sauf ….

C’est étonnant comme une petite amourette de vacance peut autant perturber nos sentiments. La fille de mon tout premier baiser, je ne l’oublierais jamais, c’était elle.
 j’ai encore le goût de ses lèvres sur les miennes, aucune de mes pathétiques pseudo histoires d’amour n'a réussi à me l’enlever, c’était incrusté dans ma peau.

Elle s’appelait Marie, je la revois dans sa légère petite robe blanche sous les rayons de soleil, elle était magnifique, un ange éblouissant de beauté naturelle, un joli écrin pour un joyau inestimable, cette image est éternellement gravée dans ma pensée.
Elle avait de si délicieux petits yeux noisettes comme des friandises ils me rendaient fou amoureux d’elle, son regard m’inondait de frissons à chaque fois qu’elle les posait sur moi, son petit sourire qui dessinait si joliment son visage candide, et son rire, ho son rire !
 Il raisonne encore en moi comme une douce et merveilleuse mélodie du bonheur. C’était ma petite princesse, comme je me sentais bien avec elle, c’était tellement magique, elle a imprégné ma mémoire tout au long de ma vie d’homme d’une photographie ineffaçable dans mon cœur.
Ho c’était un amour de vacances, certes, mais c’était ma plus belle romance, sans peur, sans mensonge, sans doute, fraîche comme notre jeunesse, insouciante comme toutes les histoires devraient être.
C’est étrange comme le temps passe vite, mais la mémoire ne s’efface jamais Cela fait maintenant plusieurs heures que j’attends là, quelques personnes sont venues me saluer et me demander si j’allais bien, d’un haussement d’épaule, comme par habitude et mécaniquement je répondais, "oui je vais bien merci"... Si ils savaient que bientôt je ne pourrais plus leurs répondre.
 Ils se souviendront peut être d’un pauvre petit gars qui attendait comme une statue figée de son regard quelque chose qui ne viendrait jamais, du haut de leurs médisances et devaient se dire : " Quelle pauvre existence pour ce monsieur, c’est bien pathétique cette tristesse ! "
 Même le chef de gare venait toutes les heures pour s’inquiéter, et un peu me parler, c’était une petite gare dans un petit village, des trains il en passaient très peu, alors il avait largement le temps de discuter avec les passagers qui restaient uniquement pour cela et avec moi, m’obliger à répondre. Je l’aimais bien quand même ce petit chef, de sa petite gare.
Je pense qu’il avait compris que je ne voulais pas parler et comprit aussi que c’était la dernière fois qui me verrait. Lorsque il m’a vu me lever, il m’a fait un petit geste de la main, comme pour me dire adieu, de loin, j’ai remarqué qu’une petite étoile brillait sur son visage, il pleurait, moi je ne pouvais plus...
 J’ai marché le long du quai, comme je fais à chaque fois, avant de quitter la gare, pour me rassurer, comme pour compter le temps, je comptais un par un le nombre de mes pas qui me guidaient vers la sortie, sans jamais regarder le dernière train de voyageurs, qui quittait la gare, c’était comme pour conjurer mes pensées négatives. Je ne pouvais plus avancer très vite, ma maladie m’épuisait à chaque mouvement, j’avais tellement mal, c’était indescriptible, dire que bientôt je n’aurais plus mal, bientôt je ne penserais plus, bientôt j'aurais oublié tout cela.
Comme à mon habitude, avant de quitter la gare, je me retournais toujours pour saluer d’un clin d’œil le quai vide et lui dire à l’année prochaine, mais cette fois ci, je ne voulais pas le faire, trop triste, trop peiné, c’était la dernière fois et j’avais trop peur.

Que faire en attendant le train à coté de la gare

Mais l’esprit ne dirige pas toujours le corps, et, je ne sais pas l’expliquer, je me suis retourné, sans le vouloir, comme ça, comme un pantin mécanisé. Et une fois mon visage dirigé vers le quai, je n’ai pas compris, je suis resté figé un instant, comme paralysé, devant moi, dans le brouillard de mes yeux humides, je vis un instant un ange, j’étais le voyageur du désert qui arrivais devant son oasis si désiré, il me semblait voir un mirage, était-je déjà mort ?
Avec le peu de force qui me restait, je me suis retourné pour continuer mon chemin, me croyant devenu fou avec ma maladie, je n’avais vu qu’une méchanceté de mon esprit, il se vengeait de n’avoir jamais été heureux, c’est la seule explication que j’avais trouvé.
Mais dans le silence d’une gare complètement vide, soudainement une voix enfantine et si douce, surgit du silence " Tom? Tom? C’est moi, Marie ! "
J’ai continué à avancer, comme si je n’avais rien entendu : "Sacré cerveau, tu n’as pas fini de me faire souffrir ! " me dis-je et là, une seconde fois, la même voix se fit entendre : « Tom c’est Marie, TA Marie, je suis bien là, retournes- toi s’il te plaît !»
A cette seconde-là, seules les personnes qui ont connu le grand amour, la puissance des sentiments ; les frissons qui te transpercent de haut en bas, seules ces personnes pourraient comprendre ce que j’ai ressenti. Je ne sentais plus mon cœur battre, tout mon corps était devenu mon cœur, je ne voulais pas me retourner j’étais vide de courage, trop peur que ce ne soit encore mon esprit qui se joue de moi. Je ne bougeais plus, et soudain j’ai senti une main dans mon cou, sa bouche s’est approchée de mon oreille, je sentis son souffle, je ne rêvais pas !...maintenant, elle me murmurait à mon oreille : " Tom, je suis là maintenant, je t’aime et je n’ai jamais cessé de t’aimer, retournes-toi s’il te plaît et regardes moi ! "
Alors, avec une force que mon corps avait conservé uniquement pour ce moment, je me suis retourné, et, mon cœur avait cessé de battre un court moment comme une mort soudaine, mais qui ne voulait pas dire que c’était la fin, je me trouvais en face de celle que j’attendais depuis trop longtemps. Je l’ai pris dans mes bras, et tous les mauvais jours, les douleurs, les souffrances de ma triste vie furent effacés en un instant, elle était bien là, elle était maintenant à moi, je pouvais mourir, j’étais enfin heureux !

Rencontre Dans Un Train

Cela fait maintenant 20 ans que Marie est ma femme, la seule chose que je puisse dire aujourd’hui : il n’y a pas plus belle médecine que l’amour, cela guérit tout, même de la mort ! 

© Tous les droits sont réservés à Olivier Mika (Fred Bomboum)

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