dimanche 16 novembre 2014

Poème psychologique › Solitude

Solitude, sais-tu pourquoi je t'aime ?
Solitude, sais-tu pourquoi je t'attends ?
Solitude, sais-tu pourquoi je t'espère ?
Solitude, sais-tu pourquoi je t'ai apprise ?

En toi, je trouve le refuge face au regard étranger,
En toi, je trouve le silence face à l'inexplicable,
En toi, je trouve la paix face à l'épuisement,
En toi, je trouve celle que je suis devenue.

Avec toi, j'ai parcouru des chemins inconnus,
Avec toi, j'ai parcouru l'espoir et la désespérance,
Avec toi, j'ai parcouru la vie et sa souffrance,
Avec toi, j'ai appris à tout réapprendre.

Alors, Solitude, quand ma main tu lâcheras
Et qu'une main nouvelle viendra se tendre,
Alors, Solitude, vers toi mon cœur reviendra,
Car pour Aimer, il faut savoir attendre.


Image de l’auteure du poeme
Copyright ® Elisabeth LAFONT

Voici un thème sur lequel les philosophes et les psychologues ont longuement débattu sans toutefois parvenir à s’accorder sur sa véritable nature : est-ce un état d’exclusion et d’abandon que l’individu a mille raisons de craindre, à cause des affects négatifs auxquels on l’associe souvent surtout l’angoisse, l’anxiété et la sensation de vide ou bien une occasion de se retrouver avec soi-même et de profiter de sa richesse intérieure dont on est généralement peu conscient ? 

Devant cette divergence théorique, il est toujours utile d’écouter les avis et les témoignages des solitaires et parmi eux les poètes, du fait que l’acte qu’ils accomplissent au moment de l’écriture met en œuvre toutes les facultés de l’esprit et de l’âme. 

Dans ce poème, les réponses que nous donne l’auteure ne nous aident pas à aller dans cette direction ou dans l’autre, car elles ne font que confirmer la nature problématique de la solitude (avec toi, j'ai parcouru des chemins inconnus, / avec toi, j'ai parcouru l'espoir et la désespérance, avec toi/ j'ai parcouru la vie et sa souffrance). Et cette nature dépend, en réalité, du fait qu’elle soit choisie ou imposée. Dans le premier cas, on la recherche comme source de richesse intérieure , à la manière du poète Rainer Rilke ( 1875-1926 ) qui la présente en ces mots : "Une seule chose est nécessaire : la solitude. La grande solitude intérieure. Aller en soi-même, et ne rencontrer, des heures durant, personne - c'est à cela qu'il faut parvenir ". Mais cela ne paraît pas être le cas dans ce texte étant donné que notre poétesse déclare expressément qu’elle l’envisage comme refuge (en toi, je trouve le refuge face au regard étranger, /en toi, je trouve le silence face à l'inexplicable, / en toi, je trouve la paix face à l’épuisement). Et comme tout refuge, la solitude ne procure pas toujours la protection escomptée, d’où cette sensation d’instabilité et de mal à l’aise exprimée dans la troisième strophe. 

Un poème psychologique dans lequel l’auteure a réussi, avec des mots simples et sans aucun artifice de langage, à traiter l’un des problèmes les plus cruciaux de notre temps.
Analyse publiée par : Mohamed Salah Ben Amor

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