Poème : Je suis ravie d’être femme
Par : Solène de la Marlier
Étonnante nature que celle des inégaux
Nous sommes grands ou petits
Nous sommes vilains ou beaux
Parfois ceux qui dominent sont les deux
Intelligent ou bête, vil ou saint
Charitable ou pervers, jeune ou vieux
Il n'est qu'une nature qui s'égale vraiment
Etre femme n'est pas être mâle
Elle et lui est égal à aimant
Mais si lui est bel homme, grand et saint
Que je ferme les yeux un peu
Car je sais qu'il me tient
Je suis ravie de n'être que femme à ses yeux
D'aimer quand il est bête
Si c'est l'heure et le lieu
L'abandon me transforme et je pleure
Il est jeune et pervers
Et dans ses bras je meure
Ravie d’être femme |
Bien que parisienne de souche, l’image que la poétesse donne d’elle-même à travers ce nouveau texte qui est le dernier qu’elle a écrit est celle d’une femme bien contente de sa situation et de son sort vis-à-vis de l’autre sexe et qui n’aspire pas dans sa relation avec lui à un idéal lointain et inaccessible.
Cette attitude que l’on peut qualifier de réaliste la différencie clairement des adeptes de l’ultra-féminisme de notre époque qui militent pour la suprématie de la femme sur l’homme et dont les fiefs sont généralement les grandes villes telles que Paris.
Dès les six premiers vers , elle entreprend une réflexion « raisonnable » sur les créatures humaines, reconnaissant leur diversité comme une donnée très naturelle pour nous préparer à accepter son opinion à propos de la relation homme/femme qui consiste à ne pas tenir compte de ces différences ( si lui est bel homme, grand et saint - quand il est bête - Il est jeune et pervers ) à condition que l’amour y soit présent (Elle et lui est égal à aimant ), arguant que le lien sentimental entre une femme et un homme est suffisant pour la faire vivre pleinement sa féminité, le but essentiel auquel elle aspire parce qu’il est le seul à lui donner satisfaction et la rendre heureuse (Je suis ravie de n'être que femme à ses yeux ).
C’est donc l’idée classique de la complémentarité entre les deux sexes qu’il s’agit ici , une idée bien postérieure à celle de leur égalité prônée par les premiers féministes à la fin du XIXème siècle. Et Cette attitude ne nous surprend guère si l’on sait que l’auteure, bien qu’elle soit jeune ,est issue d’une descendance noble, donc appartient à un milieu conservateur.
Sur le plan du style, si le contenu intellectuel du poème n’a pas offert suffisamment d’occasions pour concevoir des métaphores finement filées, la façon inattendue dont les idées se sont enchaînées ne manque pas d’attrait .
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